Ecole de plein air de Suresnes
Histoire d'un projet pédagogique et architectural novateur et humaniste
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Une impulsion politique
Maire de Suresnes depuis 1919 et président de l’Office public d’habitation du département de la Seine, Henri Sellier est le promoteur d'une politique sociale fondée sur le logement et l’école. A la fin des années 1920, il s'inspire de l’école Cliostaat, récemment construite à Amsterdam et confie la création de l’École de plein air (EPA) de sa ville aux architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods, fervents partisans d’une architecture aérée dont la philosophie est clairement exprimée :
Tout a été pensé, étudié : pas d’escaliers mais des rampes pour garder le rythme et éviter de solliciter les articulations, chauffage par le sol, une terrasse qui fait office de solarium, la possibilité de faire classe aussi bien dedans que dehors.
Le mouvement des Écoles de plein air
Dans la lignée du mouvement hygiéniste, ce courant reprend à son compte le « mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain) des Romains.Il est né en Allemagne au début du XXe siècle et milite pour la construction d'écoles offrant à l'enfant un épanouissement tant physique qu'intellectuel. A Suresnes, l'aménagement de l'établissement prévoit l'accueil de nombreux enfants malades : contrôle médical, douches-bains, études, observations, rythment les journées des patients-élèves
Le modèle suresnois
Ouverte en 1935, l'Ecole de plein air de Suresnes se distingue par son système constructif inédit (structure métallique, dalles de béton incrustées de galets agrafées à la structure, parois vitrées et entièrement rétractables des pavillons…) et par sa parfaite adaptation au terrain (versant exposé du Mont-Valérien).
- Les huit pavillons situés dans le parc accueille chacun 20-25 enfants. On y accède par la galerie couverte. Leurs dimensions sont de 8,80 x 6,00 m ; leur hauteur de 4,00 m. Chaque pavillon a trois côtés vitrés (sud, est et ouest) intégralement ouvrables par des portes en accordéon. Le mobilier était constitué de sièges-pupitres en almasilium et en bois dont des éléments sont conservés au Musée d'histoire urbaine et sociale de Suresnes (MUS). Devant chaque bâtiment, un espace ombragé est dédié à l'enseignement de plein air : c'est la « classe de verdure ».
Un pavillon-classe avec ses trois baies vitrées ouvertes
- Le long bâtiment situé sur la limité nord du terrain abritent les services communs : restauration, salles de gymnastique, ateliers, douches, et au centre la maternelle.
- Les deux ailes comprennent au rez-de-chaussée l'entrée, la salle d'examen médical et d'attente pour les parents, les vestiaires, les lavabos et les douches, des salles de travaux pratiques ainsi qu'un grand préau avec portes coulissantes sur l'extérieur et une rampe vers l'étage. À l'étage se trouvaient réfectoire et office, dortoirs, logements du personnel. Pour circuler les enfants n'utilisaient que des rampes. La maternelle, au centre, comprenait deux classes, un préau, un réfectoire, des vestiaires et lavabos, une loge centrale.
L'école, qui a accueilli jusqu'à 300 enfants en même temps, ferme ses portes en 1996.
Équipement pédagogique novateur
Un globe terrestre de 5 mètres de diamètre est installé devant l'école de plein air. Muni d'une rampe en acier, il était utilisé par les enseignant lors des cours de géographie.